Notre journée

Corinne-Christol-Banos-Ecrivain-Nouvelle-Notre-Journée

Cette journée tant attendue par nous deux commença des mois bien avant aujourd’hui.

Elle prit forme par un simple petit mail et le bip joyeux nous annonçant le rendez-vous que nous espérions depuis si longtemps :

« 23 juillet 2008 – 11 h »

Et nous voilà ce 23 juillet, impatients et anxieux, nos vêtements préférés nous assistant, nous réconfortant presque, le soleil brûlant de l’été chauffant nos visages.

Enfin, ce fut notre tour. 

On nous accompagna dans une petite pièce où un canapé d’angle écru nous accueillit amicalement. Le moelleux de son assise adoucit notre appréhension et nous nous y installâmes avec reconnaissance.

Devant lui, une table basse rectangulaire rajoutait à l’ambiance chaleureuse.

Nous sentions l’odeur âcre d’un bâton d’encens qui brûlait dans un angle de la pièce. Les rayons du soleil nous réchauffaient la nuque au travers des persiennes couleur d’olive vertes.

En cette fin juillet la chaleur était terrible, le thermomètre avoisinait les 40° et nous n’étions que le matin. 

Notre traducteur s’assit à notre gauche et la jeune femme qui nous recevait face à nous. Le foulard rouge sang autour du cou de notre interlocutrice faisait ressortir la blancheur de son teint.

Elle commença à nous lire le document qu’elle tenait entre ses mains.

Cette feuille représentait notre avenir. De cet instant dépendrait le reste de notre vie.

Elle sourit et je sus, d’instinct, que tout allait bien se passer. Les mots coulaient de sa bouche avec fluidité, comme une source bienfaisante sur des galets plats. Elle parlait, ne s’arrêtait plus, nous en dévoilait toujours davantage, virgule après virgule, phrase après phrase.

Son sourire devant notre émotion, nos larmes rafraîchissantes roulant sur nos joues pâlies par le bonheur figèrent cet instant en un moment hors du temps.

C’était bref et long tout à la fois.

Malgré le flot de ses paroles, un silence quasi religieux nous envahissait d’un bien-être absolu.

Nous étions entre deux mondes : le présent où nous entendions les mots de la jeune femme, et cet instant magique où nous avons compris que nous allions être 4. notre vœu le plus cher s’accomplissait.

Désormais, nous étions une famille. 

À mes chéries…

Corinne Christol-Banos – Copyright 2020

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